Super, les robots décident pour nous ?!

Vincent Jeanteur, fondateur & Directeur Général de KeaPrime

Provocation ? Non, réalité ! Les machines, ordinateurs, intelligences artificielles prennent des décisions de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes, à notre place, dans notre quotidien.

A première vue, pour les cartésiens que nous sommes, c’est une bonne nouvelle. Doté d’une excellente mémoire, améliorant sans cesse ses performances, l’ordinateur calcule juste, va vite, très vite, se trompe peu, très peu. Mieux, à mesure que l’économie se digitalise, que les réseaux d’information se déploient, la machine gagne en puissance et devient chaque jour plus capable : d’identifier des tendances et d’anticiper un événement grâce à la prodigieuse quantité de données (big data) analysées.
Il y a déjà bien longtemps que les ordinateurs traitent les ordres complexes d’achat ou de vente de vos titres en bourse, ouvrent et ferment au meilleur moment les écluses le long d’un fleuve, autorisent le conducteur (ou un autre ordinateur qui le remplace) à mettre en mouvement votre rame de métro… sans même parler du choix des messages qu’affichera votre page Facebook dans quelques minutes…

Évidemment, les incidences professionnelles de cette transformation ne manquent pas. Pourquoi continuer de confier à un individu, par nature faillible, le laborieux rapprochement des factures, la fastidieuse mais nécessairement exhaustive recherche de jurisprudences dans des bases de données immenses, la périlleuse comparaison de listes de données, etc. alors que la machine le fait infiniment plus vite et mieux que nous ?
Pourquoi continuer de rédiger les bulletins météo, les commentaires des résultats sportifs ou électoraux, les analyses techniques en bourse lorsque la machine, qui connait toute l’information « par cœur », va le faire beaucoup plus vite et mieux que nous ? Des professions entières sont en évolution, voire en voie de disparition…

Bien entendu, le manager ne sera jamais remplacé par une machine. Voire… Un pas supplémentaire a été franchi par la société Baker­Hostetler qui a annoncé en janvier 2017 avoir délégué tout un ensemble de taches de management à une intelligence artificielle. En interprétant uniquement des faits objectifs, le robot est chargé d’évaluer, promouvoir ou « remercier » les collaborateurs. La performance de chacun est mesurée « précisément », toutes les conversations sont enregistrées, retranscrites et mémorisées par la machine…
En somme, le manager artificiel est omniscient, ultra rationnel, au courant de tout à tout moment… Selon ses prometteurs, c’est le manager idéal qui ne commettrait plus d’erreur d’appréciation liée à ses affects.

Un peu comme le médecin artificiel, d’ailleurs : « la littérature récente référence souligne qu’une intelligence artificielle aurait une qualité de diagnostic supérieure à celle d’un humain docteur en médecine : son questionnement serait plus systématique, sa capacité à trancher entre différentes pathologies et sa maîtrise complète des antécédents médicaux du patients la rendraient imbattable. »

Pourtant, cette rationalisation extrême des décisions les plus sensibles, nous interroge. Le subjectif, voire l’affectif ont-ils encore droit de cité dans notre temps, qui plus est dans l’entreprise ? N’est-il pas sain et salutaire, grâce aux outils numériques, de s’affranchir des biais nombreux qui entravent notre capacité à bien décider ? Enfin, dirait-on, de bonnes décisions, des décisions justes, exactes vont être prises.
Les émotions sont le signe que nous sommes humains : je ressens, donc je vis ! Avoir envie, c’est être humain et en-vie, c’est ressentir des émotions Être leader, c’est créer les conditions pour que le sens partagé s’allie à l’envie et aux actes des individus.

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Vincent Jeanteur, Fondateur & Directeur Général de KeaPrime

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1 Commentaire

  1. Antoine

    Humain trop humain 😉

    Réponse

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Provocation ? Non, réalité ! Les machines, ordinateurs, intelligences artificielles prennent des décisions de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes, à notre place, dans notre quotidien.

A première vue, pour les cartésiens que nous sommes, c’est une bonne nouvelle. Doté d’une excellente mémoire, améliorant sans cesse ses performances, l’ordinateur calcule juste, va vite, très vite, se trompe peu, très peu. Mieux, à mesure que l’économie se digitalise, que les réseaux d’information se déploient, la machine gagne en puissance et devient chaque jour plus capable : d’identifier des tendances et d’anticiper un événement grâce à la prodigieuse quantité de données (big data) analysées.
Il y a déjà bien longtemps que les ordinateurs traitent les ordres complexes d’achat ou de vente de vos titres en bourse, ouvrent et ferment au meilleur moment les écluses le long d’un fleuve, autorisent le conducteur (ou un autre ordinateur qui le remplace) à mettre en mouvement votre rame de métro… sans même parler du choix des messages qu’affichera votre page Facebook dans quelques minutes…

Évidemment, les incidences professionnelles de cette transformation ne manquent pas. Pourquoi continuer de confier à un individu, par nature faillible, le laborieux rapprochement des factures, la fastidieuse mais nécessairement exhaustive recherche de jurisprudences dans des bases de données immenses, la périlleuse comparaison de listes de données, etc. alors que la machine le fait infiniment plus vite et mieux que nous ?
Pourquoi continuer de rédiger les bulletins météo, les commentaires des résultats sportifs ou électoraux, les analyses techniques en bourse lorsque la machine, qui connait toute l’information « par cœur », va le faire beaucoup plus vite et mieux que nous ? Des professions entières sont en évolution, voire en voie de disparition…

Bien entendu, le manager ne sera jamais remplacé par une machine. Voire… Un pas supplémentaire a été franchi par la société Baker­Hostetler qui a annoncé en janvier 2017 avoir délégué tout un ensemble de taches de management à une intelligence artificielle. En interprétant uniquement des faits objectifs, le robot est chargé d’évaluer, promouvoir ou « remercier » les collaborateurs. La performance de chacun est mesurée « précisément », toutes les conversations sont enregistrées, retranscrites et mémorisées par la machine…
En somme, le manager artificiel est omniscient, ultra rationnel, au courant de tout à tout moment… Selon ses prometteurs, c’est le manager idéal qui ne commettrait plus d’erreur d’appréciation liée à ses affects.

Un peu comme le médecin artificiel, d’ailleurs : « la littérature récente référence souligne qu’une intelligence artificielle aurait une qualité de diagnostic supérieure à celle d’un humain docteur en médecine : son questionnement serait plus systématique, sa capacité à trancher entre différentes pathologies et sa maîtrise complète des antécédents médicaux du patients la rendraient imbattable. »

Pourtant, cette rationalisation extrême des décisions les plus sensibles, nous interroge. Le subjectif, voire l’affectif ont-ils encore droit de cité dans notre temps, qui plus est dans l’entreprise ? N’est-il pas sain et salutaire, grâce aux outils numériques, de s’affranchir des biais nombreux qui entravent notre capacité à bien décider ? Enfin, dirait-on, de bonnes décisions, des décisions justes, exactes vont être prises.
Les émotions sont le signe que nous sommes humains : je ressens, donc je vis ! Avoir envie, c’est être humain et en-vie, c’est ressentir des émotions Être leader, c’est créer les conditions pour que le sens partagé s’allie à l’envie et aux actes des individus.