Industriels, prenez un quart d’heure d’avance sur vos opérations

Mathieu Daude-Lagrave, Directeur et Stéphanie Nadjarian, Senior Partner chez Kea & Partners

La 4eme révolution industrielle est en marche et ses avancées technologiques permettent d’inventer de nouveaux services et de gagner en performance. Ses impacts ne se limitent pas aux aspects technologiques. Des évolutions sociétales, environnementales, économiques et managériales également à l’œuvre vont transformer les opérations : manufacturing, achats, supply chain.

 

Si les opérations entrent dans une nouvelle ère, la prise de conscience est encore très hétérogène. De l’enquête réalisée en 2016 par Kea & Partners auprès de 200 dirigeants d’entreprise sur les grandes fonctions impactées par la transformation digitale, il ressort que toutes les fonctions s’y préparent. Enfin presque toutes. Parmi les grands absents figurent la Direction Industrielle, la Supply Chain ou encore les Achats. Seulement 3% de ces fonctions s’y préparent contre 82% des DSI ou 68% des équipes commerciales. Or, ce bouleversement va conduire à repenser totalement les systèmes de production et de distribution.

C’est pourquoi Kea & Partners a lancé un cercle de réflexion rassemblant une vingtaine de directeurs des opérations – issus de secteurs tels que l’alimentaire, le textile, la santé, l’aéronautique ou les matériaux de construction – pour anticiper ces évolutions et coconstruire les réponses à apporter. Le coup d’envoi a été donné à l’été 2016, dans les locaux du FabLab Usine IO, avec une conférence du prospectiviste Jean Staune, Secrétaire Général de l’Université Interdisciplinaire de Paris et auteur du livre « Les clés du futur », qui a présenté les cinq révolutions à l’œuvre. Après un an de travail, le cercle de réflexion tire quelques grands enseignements livrés ici.

 

Il n’existe pas une usine du futur, mais des usines du futur !

Le champ d’opportunités ouvert par les nouvelles technologies est immense et doit être étudié au cas par cas. 12 nouvelles technologies sont désormais éprouvées. Elles sont à même de générer un saut de productivité important mais également un développement significatif de la valeur grâce à de nouveaux services. Pour chacune de ces technologies, les niveaux de maturité et la nature des bénéfices attendus sont hétérogènes selon les secteurs d’activité et de nouvelles technologies continuent à émerger (blockchain, intelligence artificielle…). Un travail de veille et de qualification doit être assuré au sein de chaque entreprise.

technologies - Industriels Encart 1 : 12 nouvelles technologies matures avec un double enjeu à évaluer pour chaque acteur[/caption]

 

La chaîne de valeur des opérations évolue : delivrer le service tout autant que le produit, voila le nouveau challenge

La vision de cette chaîne, traditionnellement linéaire, devient obsolète, bousculée à la fois par les clients et les nouvelles technologies ! En amont, les industriels B-to-B essayent de se positionner en B-to-B-to-C et se connectent davantage au client. En aval, les consommateurs deviennent également producteurs (notion de prosumer, tendances des Makers…). La data devient un nouveau gisement de valeur et ceux qui savent l’exploiter s’emparent d’un rôle clé. À quand une supply chain des services et de la data ?

 

De nouveaux schémas industriels et logistiques se dessinent

Alors que la 3eme révolution industrielle a poussé à massifier la production pour réduire les coûts, à spécialiser les sites et à mettre en place des schémas logistiques mondiaux, la 4eme révolution industrielle est celle de la customisation, de l’agilité, de la production de grosses ET de petites séries, et de la prise en compte des enjeux RSE. Les footprints industriels se redessinent, aves des logiques de relocalisation à proximité des clients et une plus forte intégration des filières (verticale et horizontale).

 

Et l’humain dans tout ça ?

L’avènement du e-commerce laissait imaginer la fin des points de vente. En réalité, ils se sont surtout réinventés même s’ils ont diminué en nombre. Faisons le même type de pari pour les usines : oui, quantitativement, de nombreuses tâches seront automatisées avec un impact sur les emplois industriels. Mais nous sommes convaincus que l’Homme ne sera pas absent des usines à l’avenir, et qu’il conservera un rôle aux côtés des machines! Il faut donc dès aujourd’hui :

  • Développer des formes d’organisation ouvertes sur l’externe et autonomes, en responsabilisant les opérateurs
  • Investir sur de nouvelles compétenceset de nouveaux métiers : les data, les nouvelles technologies, la prospective, … 65% des enfants qui entrent en primaire occuperont des emplois qui n’existent pas encore ! [Source : The Future of Jobs, Jan 2016, World Economic Forum]
  • Adopter de nouvelles méthodologies: approches de test & learn, travail en architecture ouverte, design thinkingopen innovation

 

Vos opérations ont de l’avenir !

Toutes ces perspectives sont autant de sources d’optimisme pour le cercle de réflexion ! Il s’agit donc pour chaque industriel de trouver la bonne démarche pour anticiper et préparer l’avenir des opérations. 3 conseils de la part du groupe de réflexion :

  • Choisir son mode de transformation parmi quatre : la transformation silencieuse, la transformation incrémentale, la réforme ou la refondation
  • En faire un sujet de Comité Exécutif, sous l’impulsion de la direction des opérations, ce qui nécessite de prendre le temps d’éveiller et d’initier les fonctions marketing et commerce
  • Repenser le rôle central de la direction des opérations : plus que régalien, son rôle est non seulement d’impulser la veille et la détection des nouvelles technologies et d’en favoriser le développement, mais aussi de sensibiliser et d’animer la communauté industrielle et au-delà. Il faut prouver que le « central 4.0 » est différent, que les acteurs locaux doivent entreprendre avec autonomie, mais sans indépendance ! Privilégier le mouvement au contrôle, impulser et créer les conditions plutôt que de normer !

 

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Stéphanie Nadjarian, Senior Partner et Mathieu Daude-Lagrave, Directeur chez Kea & Partners

 

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La 4eme révolution industrielle est en marche et ses avancées technologiques permettent d’inventer de nouveaux services et de gagner en performance. Ses impacts ne se limitent pas aux aspects technologiques. Des évolutions sociétales, environnementales, économiques et managériales également à l’œuvre vont transformer les opérations : manufacturing, achats, supply chain.

 

Si les opérations entrent dans une nouvelle ère, la prise de conscience est encore très hétérogène. De l’enquête réalisée en 2016 par Kea & Partners auprès de 200 dirigeants d’entreprise sur les grandes fonctions impactées par la transformation digitale, il ressort que toutes les fonctions s’y préparent. Enfin presque toutes. Parmi les grands absents figurent la Direction Industrielle, la Supply Chain ou encore les Achats. Seulement 3% de ces fonctions s’y préparent contre 82% des DSI ou 68% des équipes commerciales. Or, ce bouleversement va conduire à repenser totalement les systèmes de production et de distribution.

C’est pourquoi Kea & Partners a lancé un cercle de réflexion rassemblant une vingtaine de directeurs des opérations – issus de secteurs tels que l’alimentaire, le textile, la santé, l’aéronautique ou les matériaux de construction – pour anticiper ces évolutions et coconstruire les réponses à apporter. Le coup d’envoi a été donné à l’été 2016, dans les locaux du FabLab Usine IO, avec une conférence du prospectiviste Jean Staune, Secrétaire Général de l’Université Interdisciplinaire de Paris et auteur du livre « Les clés du futur », qui a présenté les cinq révolutions à l’œuvre. Après un an de travail, le cercle de réflexion tire quelques grands enseignements livrés ici.

 

Il n’existe pas une usine du futur, mais des usines du futur !

Le champ d’opportunités ouvert par les nouvelles technologies est immense et doit être étudié au cas par cas. 12 nouvelles technologies sont désormais éprouvées. Elles sont à même de générer un saut de productivité important mais également un développement significatif de la valeur grâce à de nouveaux services. Pour chacune de ces technologies, les niveaux de maturité et la nature des bénéfices attendus sont hétérogènes selon les secteurs d’activité et de nouvelles technologies continuent à émerger (blockchain, intelligence artificielle…). Un travail de veille et de qualification doit être assuré au sein de chaque entreprise.

technologies - Industriels Encart 1 : 12 nouvelles technologies matures avec un double enjeu à évaluer pour chaque acteur[/caption]

 

La chaîne de valeur des opérations évolue : delivrer le service tout autant que le produit, voila le nouveau challenge

La vision de cette chaîne, traditionnellement linéaire, devient obsolète, bousculée à la fois par les clients et les nouvelles technologies ! En amont, les industriels B-to-B essayent de se positionner en B-to-B-to-C et se connectent davantage au client. En aval, les consommateurs deviennent également producteurs (notion de prosumer, tendances des Makers…). La data devient un nouveau gisement de valeur et ceux qui savent l’exploiter s’emparent d’un rôle clé. À quand une supply chain des services et de la data ?

 

De nouveaux schémas industriels et logistiques se dessinent

Alors que la 3eme révolution industrielle a poussé à massifier la production pour réduire les coûts, à spécialiser les sites et à mettre en place des schémas logistiques mondiaux, la 4eme révolution industrielle est celle de la customisation, de l’agilité, de la production de grosses ET de petites séries, et de la prise en compte des enjeux RSE. Les footprints industriels se redessinent, aves des logiques de relocalisation à proximité des clients et une plus forte intégration des filières (verticale et horizontale).

 

Et l’humain dans tout ça ?

L’avènement du e-commerce laissait imaginer la fin des points de vente. En réalité, ils se sont surtout réinventés même s’ils ont diminué en nombre. Faisons le même type de pari pour les usines : oui, quantitativement, de nombreuses tâches seront automatisées avec un impact sur les emplois industriels. Mais nous sommes convaincus que l’Homme ne sera pas absent des usines à l’avenir, et qu’il conservera un rôle aux côtés des machines! Il faut donc dès aujourd’hui :

  • Développer des formes d’organisation ouvertes sur l’externe et autonomes, en responsabilisant les opérateurs
  • Investir sur de nouvelles compétenceset de nouveaux métiers : les data, les nouvelles technologies, la prospective, … 65% des enfants qui entrent en primaire occuperont des emplois qui n’existent pas encore ! [Source : The Future of Jobs, Jan 2016, World Economic Forum]
  • Adopter de nouvelles méthodologies: approches de test & learn, travail en architecture ouverte, design thinkingopen innovation

 

Vos opérations ont de l’avenir !

Toutes ces perspectives sont autant de sources d’optimisme pour le cercle de réflexion ! Il s’agit donc pour chaque industriel de trouver la bonne démarche pour anticiper et préparer l’avenir des opérations. 3 conseils de la part du groupe de réflexion :

  • Choisir son mode de transformation parmi quatre : la transformation silencieuse, la transformation incrémentale, la réforme ou la refondation
  • En faire un sujet de Comité Exécutif, sous l’impulsion de la direction des opérations, ce qui nécessite de prendre le temps d’éveiller et d’initier les fonctions marketing et commerce
  • Repenser le rôle central de la direction des opérations : plus que régalien, son rôle est non seulement d’impulser la veille et la détection des nouvelles technologies et d’en favoriser le développement, mais aussi de sensibiliser et d’animer la communauté industrielle et au-delà. Il faut prouver que le « central 4.0 » est différent, que les acteurs locaux doivent entreprendre avec autonomie, mais sans indépendance ! Privilégier le mouvement au contrôle, impulser et créer les conditions plutôt que de normer !

 

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